"Jean", le petit fils de l'Architecte
est aussi un passionné de voile
ces pages lui sont dédiées.
Il nous précise après nos "Mises à jour" de Janvier
2019 :
dans la
rubrique « Beaux BOATS »
Bonjour Rémi,
Pour info, "ANNE MARIE III" est un Cap Nord,
plan VERNETTE également,
cette série est classée patrimoine maritime.
Ce modèle a fait de nombreux voyages autour
du monde avec un record
(pour l'époque) de la traversée de
l'atlantique à 9 nœuds de moyenne.
(source NAUTISME magazine qui n'existe
plus).
Anne Marie III fait les voiles de St Trop
presque chaque année.
Il appartient au Dr. Simore
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Olivier
Stern-Veyrin
parle de son Cap
Nord "Smile"
Voici
l'article lu sur le site STW:
07
janvier 2007 à 0h26:
«
Olivier est parti surfer sur les vagues de l’éternité »
Adieu, l'ami!
Ce qui suit est un document rare :
Olivier
Stern-Veyrin était l’un de nos plus grands anciens, et
des plus modestes, et sa parole était comptée.(*)
Jacques Rey avait pu recueillir au dernier automne
quelques souvenirs de celui qui, même désormais retenu à
terre, restait un marin passionné ; Olivier était membre
éminent des Cap-Horniers de Plaisance, membre et grand
ami de STW, observateur attentif et affectueux de nos
développements. Claude Rivard
Interview d’Olivier Stern-Veyrin Réalisé le 26/11/2007 à
Port St Louis par Jacques Rey
Ce lundi 26 novembre 2007 Olivier et moi nous retrouvons
sur son voilier « Prince Azur » avec un Mistral
terrible. Je suis venu l’entendre car il a tant de
choses à dire que je voudrais tenter de retransmettre.
JR : Cher Olivier, Il y a quelques années, tu m’initiais
à la navigation astronomique avec le sens pédagogique
que l’on te connaît, mais aujourd’hui le GPS est présent
partout. Comment intègres-tu ces nouvelles technologies
?
OSV : L’arrivée de ces nouvelles technologies que je ne
rejette pas, a fait perdre la filiation avec les anciens
et a fini par aboutir à l’affaiblissement de la poésie.
Quand en 1945, j’ai commencé à naviguer, le Yachting
existait à peine, nos héros étaient les pêcheurs,
rustiques, capable d’endurer les plus forts coups de
vent. On avait un matériel inadapté, les cirés étaient
réalisés dans des tissus ordinaires, le presse étoupe
était une serviette mouillée et malgré tout cela on
avait un moral énorme…
JR : Quels ont été tes premiers voiliers ?
OSV : D’abord un Caneton de 5m, 05 qui était basé à St
Quai Portrieux. Puis ensuite, avec mon frère Francois
qui a été le président des Dragons, le Dragon n°12, Orca
2 ; il était bien connu à St Tropez avec sa grande voile
bleu et son foc rouge.
Avec lui, en 1950, nous sommes allés du Havre en
Bretagne ; à partir de ce moment, je me suis passionné
pour la navigation ; et puis, tout en faisant mes études
de médecine, j’ai découvert la complexité et l’âme de
ces voiliers construits en bois de Chine, d’acacia,
d’acajou et de pin.
JR : On arrive maintenant à la grande aventure
polynésienne que tu m’as si souvent racontée.
OSV : La Polynésie c’est 1951-1954 ; j’étais médecin.
J’ai fait construire un Plan Cornu de 9m85 qui m’a été
livré en Polynésie ; c’était un sloop que j’avais
baptisé « Faowa ».Avec lui, j’ai navigué dans toutes ces
merveilleuse îles des Marquises comme Atuona, là où est
enterré Gauguin.
J’y ai retrouvé Marcel Bardiaux qui avait déjà réalisé
un sacré périple et passé le Horn en 1953.
JR : Mais comment es-tu devenu cet expert de la
navigation astronomique qui a su la rendre
compréhensible pour beaucoup d’entre nous ?
OSV : C’est assez amusant. Dans le voyage qui, en 1951,
m’amenait en Polynésie, j’ai rencontré un jeune officier
de la Marine Marchande qui va m’apprendre la navigation.
Il était jeune marié et il m’a demandé d’aller dormir
dans mon voilier qui était solidement amarré sur le pont
du navire " Le Chung-King" . Peut être y ont-ils conçu
leur enfant…
Mais, c’est ensuite parce que j’ai fait cette transat
sur un Cap-Nord que j’avais acheté /« Smile
», avec Anne, ma fille qui était toute jeune, et qui
pouvait se trouver seule à bord en cas d’accident, que
j’ai adapté ma pédagogie, d’une manière simple, en
physicien. Le physicien reste dans le réel alors que le
mathématicien va se perdre dans l’abstrait. Je
reviendrai en solitaire et si mes souvenirs sont bons,
je serai le 4eme navigateur à avoir signé le livre d’or
de Peter au café des sports aux Acores.
Naviguer en solitaire donne l’impression que quelque
chose de fondamental se produit. Tu acquiers étrangement
un 6eme sens, une prescience, une extraordinaire liberté
vis-à-vis de toi-même.
JR : 1973/1974 c’est la première Whitbread, cette course
autour du monde en équipage qui excite toute l’élite de
la course au large. Jacques Grout vient te demander
d’être son navigateur sur Kritter. Pour la 3eme étape,
celle du Horn, tu quittes Kritter pour 33 Export. Quelle
réflexion tires-tu aujourd’hui de cette expérience ?
OSV : Pour moi, ce qui était passionnant, c’était
l’angle des grandes situations météo avec à la base les
« Pilot charts ». Choisir la meilleure route était
intellectuellement une immense satisfaction.
Mais j’ai rencontré dans cette course des gens d’une
grande élégance et qui transmettaient les situations
météo pour tous.
Tout l’équipage de 33 Export était des sans-grades qui
se sont révélés magnifiques.
JR : Tu as passé les 3 caps en course et plus tard, en
février 1990 sur « Prince Azur » le Horn en plaisancier.
Te considères-tu comme un Cap-Hornier ?
OSV : Bien sûr. Le Horn est un symbole et comme tous les
symboles, il peut être justifié ou non.
Il n’y a pas à se comparer avec les Cap-Horniers de la
marine marchande de la grande époque, qui eux-mêmes ne
pouvaient se comparer avec les marins des navires de
Shouten et Lemaire. Comme je l’ai écrit récemment à nos
amis « nous sommes Cap-Horniers, parce que nous avons vu
ce Cap de la mer, en voilier, tout simplement ». Et
puis, en arrière plan, il y a à Porto William le Micalvi,
le plus original Yacht Club du monde, et ses Piscos, où
nous avons tous passé de sacrés moments. On se sentait
tous Cap-Horniers et personne ne disait on est « allé
sur le Horn », pourquoi pas à cheval…
JR : Quels ont été les navigateurs qui t’ont le plus
marqué ?
OSV : Sans doute, Alain Gerbault, car il a été l’amorce,
il avait le romantisme bien qu’il ait laissé de mauvais
souvenirs en Polynésie. Mais je pense aussi à Joshua
Slocum, Curry Manfred et Paul Budker.
JR : Pour conclure, mon cher Olivier, que se dégage-t-il
de ces 65 ans de navigation ?
OSV : Pour moi, c’est sans aucun doute l’attrait du
large et c’est très différent de la course au large.
Dans le milieu de le course au large, il y a un mot que
l’on n’entend jamais, c’est le mot « mer ».Sans porter
de jugement de valeur, ce ne sont pas les mêmes hommes.
L’homme de course monte un cheval de course, celui de
croisière un cheval sauvage. Rappelle toi ce que je
t’avais dit il y a quelques années, quand ma santé me
permettait d’envisager encore une transat « tout voyage
océanique est une croisière dans l’infini où l’homme ne
laisse aucune trace ».
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Ouvrage d’Olivier Stern-Veyrin
- Solitaire ou pas, l’Atlantique par deux fois – Arthaud
Ayant acquis un nouveau
voilier, un Cap-Nord, Smile,
Olivier Stern-Veyrin prend la mer pour les Antilles,
avec, pour tout équipage, sa fille Ann. Au cours de
cette traversée de l'Atlantique d'est en ouest, il
l'initie à tous les secrets de la conduite du bateau et
du réglage des voiles. A treize ans, équipière à part
entière, elle est d'un appui moral considérable pour son
père. Aux Antilles, elle devra débarquer pour reprendre
ses études en France et c'est en solitaire que Olivier
Stern-Veyrin poursuivra son périple vers les Bermudes.
Mais Ann n'est pas le seul héros de cette aventure
océane, il y a tous ces oiseaux du large, William, le
fils de l'auteur, qui le rejoindra à Tanger sur le
chemin du retour, Palpédor, le chat du bord et surtout
l'auteur qui doit lutter, non contre la mer, mais contre
lui-même. Ce livre n'est pas seulement une relation de
navigation, c'est un document humain, récit en
contrepoint de l'amitié et de la solitude.
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