L'Obock est sauvé des flots ! Jeudi, le voilier conçu par
Daniel de Monfreid, fils d'Henry de Monfreid et sur lequel l'écrivain-aventurier
navigua, a été renfloué.
Le naufrage de l'Obock, en juillet dernier, avait provoqué
un certain émoi chez tous les amoureux des bateaux.
C'est au retour d'un rassemblement de vieux gréements à
Palavas, le 30 juillet, qu'une voie d'eau se déclare à bord de l'embarcation.
Vers 16 h 30, l'Obock sombre par 35 m de profondeur, à
environ six kilomètres au large de Gruissan, son port d'attache. Les trois hommes
d'équipage sont récupérés par la vedette de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM),
"Notre-Dame-des-Aouzils".
Le peu de moyen dont dispose Michel Rohée, l'actuel
propriétaire, vouait l'Obock à l'obscurité des profondeurs. Mais c'était sans compter
sur un formidable élan de solidarité des gens de mer.
Très rapidement, ils se mobilisent. L'intervention du
préfet maritime de la Méditerranée autorise la mise à disposition de matériel par
l'administration maritime de Port-Vendres.
A Port-la-Nouvelle, l'entreprise Jifmar propose les
services de sa barge, la "Tessa W", qui possède une grue de 60 tonnes et deux treuils
très puissants. Deux autres sociétés, D'gees Nautic (Port-la-Nouvelle) et Star France,
fournissent l'équipement lourd qui fait défaut à l'équipe départementale des plongeurs
de l'Aude.
Les moyens techniques et humains réunis, l'opération de
sauvetage de l'Obock peut débuter. Les sapeurs-pompiers effectuent alors des plongées de
reconnaissance pour évaluer l'état et la situation de l'épave.
Le renflouement s'effectue, lui, en plusieurs étapes : un
premier relevage opéré sur deux jours permet d'amener l'Obock à une profondeur de 14 m.
La deuxième phase débute jeudi. Très lentement, le voilier
est remonté des profondeurs. A 17 h, L'Obock bien serré contre la barge de la Jifmar
entre dans le port de Gruissan, sous les yeux des curieux et la protection des hommes de
la brigade de surveillance du littoral de Port-la-Nouvelle.
Sur le pont de la "Tessa W", le directeur du Service
départemental d'incendie et de secours de l'Aude (SDIS), le colonel Henri Benedittini,
déclare : « Maintenant, nous sommes contents, il est "à terre" ».
Les "sauveteurs" - tous bénévoles - affichent des sourires de satisfaction mais sur les
visages, la fatigue se lit.
Pour Henri Benedittini, « des opérations de ce genre sont
très bénéfiques et soudent les équipes ».
L'Obock n'est pas ressorti des profondeurs sans mal : la
coque laisse s'écouler l'eau qui avait envahi la cale, le pont présente de nombreux
dégâts. Michel Rohée et son épouse ont les larmes aux yeux malgré le plaisir de revoir
leur bateau... La remise en état de l'Obock va nécessiter des moyens financiers
importants.
Mais un jour certainement, l'Obock sillonnera à nouveau la
Méditerranée. |